Le corps consomme. Il doit absorber du carburant tous les jours. C’est extrêmement mal foutu ce truc là. Pourquoi un besoin aussi quotidien ? Pourquoi pas tous les 15 jours ? Pourquoi cette mécanique biologique ne fonctionnerait-elle pas à la seule énergie solaire par exemple ? La mécanique est décidément mal foutue. Alimenter le moteur en route, c’est bête. Et fort contraignant. La dépendance devient obligatoirement la loi d’évidence. L’intersubjectivité est cette capitalisation communiste. L’environnement informe de la consommabilité. L’ajustement du corps consommateur à l’écosystème se fait dans et par cette économie.
L’intersubjectivité, c’est ce réseau d’informations échangées. L’intersubjectivité organise la consommation du corps consommateur. Tous n’est pas bon à boire et à bouffer. Il faut se mettre d’accord et, pour trouver cet accord, il faut s’informer. La matière s’informe sur les formes de consommation possibles. L’autoconsommation n’est pas suicidaire. L’autarcie première garantit un mode sécurisé, mode de consommateurs non-producteurs.
N’empêche, le corps humain (comme tous les autres corps au demeurant), c’est mal foutu dans le procès de consommation lui-même, surdéterminant.
Il faut détecter les bons produits pour commencer. Il a dû en avoir des accidents mortels au début ! L’ajustement a coûté cher à l’humanité. Le prix du sang, le prix de la chair, le prix fort. La matière capitalise des informations pour permettre à la vie de se différencier et de se prolonger, certes. Mais que c’est compliqué !
Introduire par la bouche une denrée —contrôlée— la faire descendre après l’avoir mâchée et enduite de sucs digestifs, envoyer le tout dans l’estomac, qui va devoir trier, sélectionner, transformer, envoyer dans le sang, expédier les déchets et recommencer quelques heures après…
ça va pas la tête ? Y’a pas plus simple ? En tout cas, y’a difficilement plus compliqué. Le traitement des déchets seul effare. Uriner, déféquer, c’est déjà pas simple. Suer et descouamer, c’est pire que respirer. La plasticité du corps humain bouleverse, si on n’y prend garde.
Si on n’y prend garde, l’obésité pousse le bouleversement à son extrême.
Le corps humain a la capacité effarante de grossir jusqu’à l’obésité : c’est mal foutu ce truc-là. Ça peut se dérégler à cet extrême.
Du coup, le corps humain se transforme en machine à consommer avant que de reproduire, puis produire. Le monde est cul par-dessus tête, dès l’origine.
L’expérience est peut-être rigolote par les papillons qui l’ont faite, mais à vivre, c’est pas si marrant que ça.
Le corps humain n’est durable que s’il surmonte une contradiction initiale : être un consommateur non-producteur communiste.
On fait difficilement plus contradictoire, vicieux.
Le communisme, c’est la loi de la dépendance, loi d’évidence. Faut bien bouffer.
Cette évidence communiste, c’est l’intersubjectivité, réseau d’informations en perpétuelle recherche d’informations.
Le communisme pragmatique, le collectivisme, se met en place pour nourrir un individu qui de plus ne produit rien.
Il se borne à capitaliser, en prédateurs.
L’opposition communisme-capitalisme commence ici, dès l’origine.
Le corps et le champ de bataille de cette lutte qui deviendra de classes à terme.
La peur de la mort nourrit la vie. L’homme, le corps humain, s’augmente constamment. L’augmentation est question de vie ou de mort.
Le corps humain est d’abord un consommateur privé exclusif, non-producteur, estorqueur des plus-values dégagées par l’écosystème communiste par constitution et producteur par force.
Les plus-values de l’écosystème nourrissent —à strictement parler— les bio-organismes. Tous les corps se nourrissent d’énergies écologiques, énergies naturelles, naturalisantes. La nature naturante intersubjective le vivant matériel. Au profit d’unités privatisées, les corps vivants.
C’est vraiment mal foutu ce truc-là.
En tout cas, pour l’heure, au troisième millénaire, l’humanité n’est pas parvenue à surmonter cette contradiction initiale vitale. Or l’homme semble bien avoir été créé pour résoudre cette contradiction. La consommation n’est en effet pas univoque. Si le corps humain naturel, le corps naturalisé, s’il ne produit pas, reproduit.
Le corps naturalisé est reproducteur avant que d’être producteur. Les corps humains se reproduisent démographiquement. Le corps humain consomme non pour produire mais en premier lieu pour reproduire.
Voilà encore un truc qui marche de traviole.
Le trans-humanisme est un mouvement démographique perpétuel. La matière a choisi le corps naturalisé pour se reproduire.
Il appartient encore de rendre possible la reproduction par et pour un consommateur capitalo-communiste… ça déconne. En tout cas, c’est à en faire perdre son latin politique, philosophique et économique. On comprend combien la critique de ces disciplines est nécessaire : on n’y comprend rien. Tout est confondu.
L’OVNI, l’Origine de la Vie Non-Identifiée, se recherche une base où atterrir. Dans le système solaire elle n’a qu’un nom de code pour cette mission quasi impossible : Terre.
C’est mal foutu.
Le corps naturalisé fait donc ce qu’il peut.
La production ne semble, à ce stade, ne nécessiter aucune force de travail productif.
Les choses se font —comme l’on dit si curieusement— tout naturellement.
C’est oublié que ce dit « naturel » et lui-même naturalisé, issu d’une civilisation écologique très développée.
Certes, c’est un sacré bordel, mais on fait avec ce que l’on a, que diable.
La production n’existe pas au stade initial. La force de reproduction démographique vient selon la loi des similitudes coïncidentes, modéliser la production par la reproduction et, dialectiquement, par elle. Or comment le corps humain se reproduit-il ?
Initialement, la femme assure cette reproduction productive. Avant que l’homme établisse le rapport entre pénétration et fécondité…
Car il faut établir le rapport. Pourquoi voudriez-vous que l’homme comprenne du premier coup de queue qu’il participe à ce cycle reproducteur ? Le spermatozoïde ne donne pas comme cela son adresse poste restante accrochée à l’ovule. La femme grossit puis accouche. Voilà tout. Tout naturellement. La prise en considération de la relation pénétration-fécondité bouleverse les marmites de l’avenir. Mais cette prise en considération met un certain temps à s’effectuer.
La mise en équivalence de non-équivalents ne va pas de soi. Il faut toute une culture pour cela. L’homme va vivre cette ignorance des millions d’années avant que d’en n’être bouleversé.
La femme est initialement auto-reproductrice. Elle est une usine à transformation de matières premières écologiques. L’environnement l’enfante, un point voilà tout, initialement. Toute une idéologie s’encre là. La femme est autonome. Aucunement « libre », juste autonome. Elle est sécurisée mais non identifiée.
L’identification du corps humain comme moyen de reproduction immédiate impose une prise en considération du statut de la femme.
Les différences physiques musculaires, anatomiques posaient déjà une singularité des deux corps masculin et féminin. La masse musculaire moindre des femmes demande à assurer une sécurité particulière. Mais le rapport protectionniste suit la loi de la dépendance, loi d’évidence.
Par contre le moyen de reproduction qu’est le corps de la femme singularise d’autant plus que la survie de l’espèce en dépend.
Le corps de l’homme, non producteur, est consommateur. Tant que son rôle procréateur n’est pas identifié, le « miracle » de la fécondité dépasse l’acte de fécondation. Le corps humain n’est pas plus caractérisé, caractérisable que le corps animal, que le corps végétal, que le corps —naturalisé— matière en mutation, permutation, intersubjectivité en actes pragmatiques.
Le développement du cortex, en cours, prépare un traitement plus systématique de toutes les informations initiales, augmenter des informations pratiques, culturelles. L’inné doit être acquis. L’acquisition n’est qu’un traitement culturel, social (?)194, de l’inné initial.
Il faut maîtriser le corps par des praxis, des techniques matérialistes d’appropriation. Le corps naturalisé est, ontologiquement, privé et consommateur non-producteur. De ce point de vue, l’homme vient dans ce système initial, assurer le développement démographique qui s’opère via la femme.
Chasseur–pêcheur–cueilleur, l’homme, dans ce mode de production écologique donné non-construit par des forces de travail, l’homme là-dedans se fait poète humanitaire, protecteur civil des productions démographiques. Cette différenciation sexuée, sexuelle va de soi comme un inné sans nécessité d’être acquis. C’est une donnée informative perçue qui ne demande pas à être traitée, tant que la pénétration, le coït, n’est pas lui-même identifié comme procréateur. Là il y aura l’acte poétique qui bouleversera.
Auparavant, le corps naturalisé n’est pas encore humain, il est animal.