L’histoire passe pour être une science, une science des vainqueurs. L’histoire croit savoir, prévoir le futur, croit savoir cuisiner dans les marmites de l’avenir. La chose est planifiée avant que d’être planification antérieure. L’histoire ne cherche à parler qu’avant le présent. Le temps présent, vivant, n’est pas mort. Comme si la mort finissait les choses. Le présent n’est pas un utérus accouchant du futur. Descartes, Kant, Hegel et Auguste Comte pensent au progrès comme si leur contribution était ce progrès.
La politique des recherches n’est qu’un travail collectif cherchant à généraliser le particulier. L’interdisciplinarité est une pratique des disciplines auxiliaires. Le savoir historique se mondialise, ce qui spécialise, paradoxalement. Ce paradoxe nationalise les concepts méthodologiquement. Les instances idéologiques distribuent les zones à explorer. Les ruptures cherchent à définir un événement. L’événement n’est qu’un mot, une nomination. Ce découpage de l’histoire est idéologique, soumis aux pressions actuelles. La crise occulte l’événement. Les sources, le document, n’échappent pas à une subjectivité illusoire sanctifiée. Le traitement du passé doit déborder les outils du recueil d’informations.
Toute science est négationniste à ce compte idéologique, à ce conte idéologique.
La science fabrique des trous noirs, de l’antimatière ignorée. Comme si la structure n’était pas affectée par l’événement. Le vainqueur immobilise le général, l’universel, dans le particulier. Les déterminations différentielles interagissent. Le signe annonciateur reconstruit l’a priori a posteriori. L’a priori vient après l’a posteriori. L’a priori cristallise l’a posteriori. Il n’y a pas d’avant l’expérience qui ne découle de l’expérience.
C’est une schématisation allogène. L’incapacité humaine va à tout ce qui n’est pas pensable.
L’impensable, c’est rendre admissible l’inadmissible.
Inadmissible vient, en effet, d’une séparation tout à fait idéologique, fantasmagorique, du corps et de l’esprit.
Cette séparation est un événement impensable, impensé, normatif.
L’esprit devient la victime innocente. C’est brader l’événement de longue durée. L’espace-temps à une cohérence séquentielle, unité minimale. La longue durée fait surgir des séquentielles de longue portée. La redondance défait la géo-histoire des événements. Faire corps avec l’esprit nie le corps initial. Le mensonge fait passer pour vrai ce qui est connu comme faux. L’anachronisme met en place une police de ce qui passe pour être objectif. L’histoire montre les conséquences de la violence. L’histoire ne cherche pas à élaborer une histoire du corps non-idéaliste. La violence n’est pas seulement une description des dégâts de la pratique libérale.
Séparer le corps de l’esprit respecte un protocole de domination de la femme par l’homme puis de l’homme par l’homme. La grille de lecture ne se borne pas à dépouiller l’écriture ou les choses de l’archéologie, par exemple.
L’agriculture opère cette rupture subjective du corps et de l’esprit. L’agriculture est elle-même induite par la reconnaissance de paternité. La reconnaissance de paternité est elle-même provoquée par une phylogenèse du signe annonciateur. La paternité revendiquée est une prise en considération dialectique du signe annonciateur.
Qu’est-ce cela ?
C’est le dérèglement des règles de la femme tout à coup (sur une longue durée) réglementée.
Fécondée, dès le premier mois, la femme ne saigne plus. Les menstruations cessent. Le mois suivant, si les règles restent interrompues, le signe annonciateur s’affirme : elle est enceinte.
Cette pratique physiologique, gynécologique s’appuie sur une particularité individuelle universelle. Encore faut-il mesurer l’universalité initiale.
La tribu compte de 10 à 20 membres, selon toute vraisemblance.
L’U-chronie propose une technique de réflexion simple : on suppose non-advenu ce qui est advenu. Comment alors s’organisent les choses ?
Le nazi Hitler a gagné la seconde guerre mondiale : imaginons ce que devient la société.
L’U-caverne permet, en ce sens littéraire et politique, de tenter une reconstitution des modalités tribales, donc, de cette U-caverne.
L’universalité est celle, initialement, de la U-caverne.
Platon, avec son mythe de la U-caverne, fait aboutir cette séparation du corps et de l’esprit.
Or comment la civilisation très avancée de la U-caverne parvient-elle à mettre en équivalence ces deux non-équivalents : l’interruption des règles et cette reproduction du corps et de l’esprit ? L’esprit de corps est ici en cause. La fécondité n’est plus —avec la revendication de paternité— le fait du corps collectif, de l’esprit de corps de la tribu. Une femme et un homme ayant copulé, les règles cessent. Cette rétrospective constructiviste demande une psycho-sociologie avérée. La pratique d’observation la fonde en droit naturel. Ce droit naturel —droit à la procréation— devient droit civil. L’astuce repose ici entièrement sur une idéologie transgressive. La contrainte biogénétique de l’OVNI (Origine de la Vie Non-Identifiée) est attribué au coït. C’est le coït qui donne le pouvoir de procréation à l’homme. La femme en est départie alors qu’avant cette mise en relation biogénétique, c’est la tribu de la U-caverne, dans sa collectivité communiste, qui en était la cause.
Pour opérer cette individualisation anticommuniste, la phylogenèse choisit de séparer le corps et l’esprit.
La paie est coupée en deux, avec une des deux portions —congrue celle-là— dévolu à la femme.
C’est l’homme qui donne l’énergie nécessaire au démarrage du processus de procréation. Le sperme (si même il n’est pas encore déterminé comme procréateur) devient l’esprit de l’opération démographique.
Il s’agit d’un coup d’état idéologique, spiritualiste, idéaliste, politico-mondain.
Coup de tonnerre épistémologique.
L’anthropologie anthropomorphique ethnocentrique est maintenant possible. La prise de pouvoir en découle.
Le corps est simplifié, instrumentalisé, objectivé subjectivement. Ce jeu d’objectivations de l’intersubjectif règle les rapports sociaux. Une nouvelle grille d’interprétation des informations apparaît. Pendant des millions d’années, la U-caverne a fait confiance aux modes de production écologique et poétique pour maintenir naturellement l’équilibre des populations et des subsistances. Les crises de croissance exaspérant les individus, qui perdent confiance. La phylogenèse initiée il y a pourtant des millions d’années ne permet pas d’éviter ces déséquilibres récurrents.
L’homme se lasse.
Penser, c’est rester au ras des pâquerettes, au ras du sol. L’impatience attentive de la U-caverne se lasse de la complexité du corps-langage.
L’Invisible Ailleurs Invisible serait-il plus facile à décoder sur le corps ? ce qui donne la paternité, la fécondité, devient non pas le coït en soi, mais le processus génétique qui enclenche cette fécondité.
L’Invisible Ailleurs Invisible de l’OVNI devient le facteur déclenchant.
C’est dans cette abusive hypostasie que l’esprit est nommé, ré-corporé, incorporé dans un immatériel qui jusqu’ici n’existait que comme donnée acquise d’un tout corporel.
La pensée peut alors espérer se faire passer pour immatérielle.
Tous les acquis phylogénétiques sont abandonnés au profit d’une élucubration agricole dominante, violente. L’idée idéaliste vient de cette violence qui l’accouche en mettant à distance meurtrière le corps lui-même, érigé en obstacle à la connaissance.
Qui soumet le corps est gratifié et d’une idée et d’un esclave. Il y a double récompense. La chose idéale réfléchie devient alors négation de la praxis quotidienne. L’idée d’exception, l’exception à la règle initiale, corporelle. Le corps devient le coupable de tous les crimes réactionnaires, devenu réactionnaire, puisque non-idéaliste. Cette supercherie fonctionne pour la bonne et simple raison, noble raison, qu’elle simplifie tout bonnement les choses. Le corps empêche de penser.
Penser se fait sans le corps.
Platon n’est qu’un mythe. Les dieux se rient des hommes. La nature s’accroche, réactionnaire, aux basques de l’être pur, sain, bon, dé-mondialisé. Le corps, c’est le diable ou, en tout cas, l’enfer de la condition terrestre.
Etc., etc.
Il suffit de dévider l’écheveau.