À l’origine de l’humanité, la matière ne concède à l’homme que son corps et un système écologique préexistant. Le corps est le capital de départ de cette entreprise aventureuse qu’est l’homme. L’homme ne « possède » rien d’autre. Il n’est rien d’autre que ce corps, qui le possède plus qu’il ne le possède. Dés le début, l’homme n’est qu’une méconnaissance d’un tout non-identifié comme étant originale.
Toute la matière, diversifiée, se décline selon des variables d’ajustement préparées pour ces ajustements. Le programme biogénétique propose à toutes les formes de matière différenciée d’aller à une augmentation permettant au corps de s’adapter à lui-même et à son environnement. Cette adaptation ne pré-existe pas comme un impératif catégorique rêvé par Kant dans sa nébuleuse métaphysique idéaliste. Le programme matérialiste génétique contient chacun des «impératifs catégoriques» mais il ne s’agit pas d’une morale «en moi», ni d’un «ciel étoilé au-dessus de moi» : il s’agit en tout premier lieu de découvrir que ce corps n’est en effet radicalement pas adapté aux conditions qui lui sont données. Le corps est dans les vapes, variables d’ajustements périodiques expérimentales sociales.
Le corps n’est qu’une sociabilité en expérimentation, demandant un réajustement périodique permanent. Le corps est, en ce sens, le premier environnement. Le capital intersubjectif de départ est une interdépendance. La dépendance est la loi d’évidence. Le capital de départ permet d’augmenter le protocole matérialiste biogénétique. C’est que ce protocole expérimente, tente, met à l’épreuve par 9 (constante intersubjective quantitative) la capacité d’adaptation. Le corps doit s’approprier le corps, le premier environnement. L’épi-génétique, ce mécanisme d’intégration à court terme, enrichit le capital de départ. Il s’enrichit, valorise le capital, va à une accumulation primitive intersubjective. Il lui faut en effet non seulement prendre en considération cette machine corporelle mais encore prendre en considération les mécanismes susceptibles d’augmenter le capital de départ. Cette augmentation, cette seconde constante intersubjective le pousse à réajuster le corps. Car le corps dysfonctionne. Il est inadapté à lui-même et à son milieu. La double contradiction est formidable. Les erreurs de programmation, manifestes, ont pourtant leurs corrections possibles intégrées.
C’est la mise en équivalence de non-équivalents qui - selon la loi des similitudes coïncidentes - permet ces rectifications. Le protocole initial, le capital de départ ne suffit pas à rentabiliser l’entreprise. Il doit être nécessairement augmenté. Cette augmentation ne peut passer que par une collectivisation tribale du mode de production initial, le corps inadapté qu’il faut adapter autant que faire se peut.
L’augmentation de capital dépend donc des apports collectifs, communistes. Il s’agit d’une coopérative ouvrière non-productive de consommateurs.
Cette contradiction suit celle de la matière elle-même qui elle-même ne cesse d’augmenter ses capacités d’adaptation à l’environnement. Toute la matière se collectivise, se communise. L’augmentation du capital de départ est donc anticapitaliste. Elle ne peut s’effectuer qu’au prix d’une négation inter-objective de la propriété privée. Ce processus complexe, allant en compliquant la dynamique globale, réclame donc, pour être pris en considération, des temps longs. Les longues durées expérimentales sont nécessaires pour objectiver une part du capital intersubjectif et - par là - augmenter le capital de départ. Une nouvelle contradiction complique encore le processus. Toute partie du capital intersubjectif objectivé perd sa nature initiale de capital intersubjectif d’inter-subjectivité. Le capital intersubjectif reste insaisissable.
Le corps augmenté non seulement progressivement se perd en considération, mais il doit - sur les très longs temps - découvrir que le milieu environnemental est lui aussi soumis aux mêmes lois d’adaptation, aux mêmes lois d’augmentation. La matière elle-même est totalement dans les vapes, bourrée comme une vache espagnole qui ne sait parler qu’une fois la panse, la pensée bourrée de pommes à cidre, acides et alcoolisées.
Il faut se méfier de ce genre dégénéré de mammouth alcoolique. N’oublions pas que le mammouth est l’ancêtre de la vache. Un mammouth augmenté devient, en un long temps, une vache espagnole. Qui, au demeurant, parle le français comme une vache espagnole. Merci Coluche de m’avoir fait comprendre cela. C’est mammouthement trompeur ce truc-là.
Mais si le corps, capital de départ, doit s’augmenter par autophagie, se nourrissant de lui-même, errant en sa condition minable et prodigieusement terrestre, ce capital de départ s’augmente aussi de lui-même par reproduction démographique. Cette fécondité d’abord auto-produite par la femme seule, fabrique collectiviste de bébés, cette unité de production de la reproduction radicalement collectiviste, suit elle aussi un processus d’augmentation à très longues périodes. Cette manufacture qu’est le corps de la femme fabrique donc comme l’usine du XXème siècle un produit transformé partant de matériaux qui, donnés à la chaine de reproduction, donnent un produit. Ce produit, c’est le bébé.
On peut dire sans faire d’abus de langage que cette manufacture n’est pas exactement une manufacture mais une corpu-facture. La femme ne fait pas seulement une main, elle fabrique tout un corps en général avec deux mains.
Cette évidence mapiste (marxiste-anarco-poétique) bouleverse, je crois, les approches démographiques, économiques et politiques.
La femme est une corpu-facture et à partir de ce moment-là devient une propriété privée.
Ce moyen de production, de reproduction devient une propriété quand le lien de fécondité s’établit : la tribu prend en considération lente le fait jusqu’ici méconnu que c’est cet homme-là qui a fait ce bébé-là à cette femme-là.
C’est cela la prise en considération du lien de fécondité. Auparavant, le ventre de la femme grossissait par on ne sait quel miracle et le fait d’avoir copulé n’était pas lié à la fécondité. Le zizi d’un homme ne donnait pas un sperme fécond mais donnait seulement peut-être un peu de plaisir, en tout cas un liquide blanc gluant qui pouvait avoir, pour certaines femmes un goût agréable.
Ici toute l’économie politique doit reprendre sa copie et donner à la femme un rôle surdéterminant dans l’histoire de l’humanité.
La revendication privative de paternité en est son premier aboutissement historique. Cette revendication capitaliste crée la première jurisprudence coutumière, probablement. Le capital de départ est augmenté par apport individualisé d’un secteur privé qui revendique ses droits. Le secteur privé a en effet découvert son existence autonome, indépendantiste, non-communiste, anticommuniste, renforçant un libéralisme capitaliste endémique, bifide, contradictoire.
C’est l’augmentation du capital de départ, du corps, qui fait exploser le premier communisme et qui fait naître le capitalisme libéral qui ne cesse de vouloir augmenter son emprise sur le marché de la vie terrestre. On en vient donc à cette constatation effarante et pourtant effectivement incontestable : c’est l’identification de la corpu-facture qui donne naissance à un capitalisme effectif.
La femme est à l’origine du capitalisme.
Les féministes viennent de se retourner dans leur tombe.
Moi aussi.