Le futur de la nature, c’est son passé. Elle n’a donc pas de présent, mais seulement des premières fois. Ce concept de première fois – car c’est un concept opératoire méthodologique (COM) - demande une mise en perspective.
Cette épistémologie de la première fois agace. On n’en revient bêtement à l’origine. On en revient à ce stupide problème de l’origine de la matière. Pour autant cette analyse des causalités est une « simplexité », avant que d’être une complexité. La causalité doit être mise en regard ce qu’il faut bien nommer, par opposition, par effet de miroir réfléchissant, l’ « effetualité ». Il n’existe pas d’une part un inné et d’autre part un acquis. L’inné et l’acquis sont d’une même part pour ainsi dire. L’acquis n’est qu’une acquisition de l’inné. Ce développement est en même temps géographique. Cette géo-position historique combine un développement biogénétique avec un développement culturel, naturel. La culture est d’abord matériellement, naturelle, matérielle et commune, communiste. L’homme n’est pas présent il y a 4,5 milliards d’années. La matière, elle est là. Cette matière est universelle. L’homme dira : « l’universel, c’est nous ». Il osera même un : « l’universel, c’est nous, occidentaux ». Avant cette revendication anthropocentrique, le corps de la nature n’a encore rien à foutre de anthropocène, de l’homme centre prétendu, prétendu centre de tout.
À l’origine (puisqu’origine il semble qu’il faille y avoir…) la planète Terre est minérale et végétale. Au début du XXIe siècle, les prétendus experts s’accordaient à penser que 99,8 % de la vie terrestre est végétale.
C’est oublier la vie minérale et aquatique.
Mais admettons cette estimation, pourtant fausse comme toutes les estimations chiffrées. Le mode de production premier, écologique et poétique établit immédiatement un équilibre des populations et des subsistances et ce pour durer des milliards d’années. Excusez du peu. L’homme n’établit pas un mode de production capitaliste aussi prometteur d’un monde meilleur. Cet équilibre des populations et des subsistances subit des crises. Les périodes de glaciation, les variations catastrophiques, les épidémies par exemple, bousculent cet équilibre mais il se rétablit. Il s’agit en effet d’un équilibre média et non immédiat. La médiation, les médias font circuler le capital intersubjectif initial. Cette circulation médiatique donne des béta-données destinées à faire évoluer – je ne dis pas progresser – les OGM. Tout est OGM, organismes génétiquement modifiés, organismes s’auto-modifiant.
C’est le protocole matérialiste originel, premier. Il s’agit d’adapter un corps vivant à son environnement, car ce corps vivant, quel qu’il soit, doit s’augmenter puis s’intégrer écologiquement. Ce processus d’intégration est naturel, poétiquement naturel, naturellement poétique.
Pourquoi le qualifier de poétique ? Pour éviter l’idéalisme idéologique qu’est le rationalisme. Le rationalisme – utile certes – contribue aussi malheureusement à excommunier l’axe de recherche poétique. Or la poésie, intuition génétique, bio-dynamique, explore médiatiquement les perspectives immédiates. Le mapisme, marxisme anarco-poétique, autorise cet axe de recherche fondamentale. Cette affaire-là va demander plusieurs années.
Remettre en perspective la théorie d’Einstein pour l’augmenter à une théorie de la relativité relativisée, universalisée.
L’idée est simple : la première épistémologie est donc écologique et poétique. Le corps de la nature mène cette épistémologie. La théorie des ensembles euclidienne et aristotélicienne doit être abandonnée. Elle biaise une possible reconstitution analytique. Il s’agit d’une simplexité de superpositions cohérentes. On peut même parler de supers positions co-errantes. Les mots se reconnaissent. Il suffit de les respecter. Ces supers positions co-errantes suivent des graphes.
Ces graphes doivent se dépouiller, autant que faire se peut, d’un anthropomorphisme primaire. Le corps de la nature fait l’homme et non l’inverse. Le mobile équilibre de cette « première nature » implique une accumulation effarante du capital intersubjectif. Tout se mélange mais rien ne se confond. Il s’agit, par le corps de la nature, d’inventer quelque chose qui est déjà connu. La matière, intersubjectivité en circulation – MIC – ne sait être saisie et nommée, désignée par l’homme. Cette tentative d’objectivation, cette anthropologie ne sait donc être qu’un anthropomorphisme, c’est dire un biais homo centré. La matière anthropomorphique circule, comme circule la matière intersubjective. Au MIC (Matière Intersubjective Circulante) s’oppose, toujours, cette Matière Anthropomorphique Circulante, le MAC.
Il y a donc bien un sacré incontournable MIC-MAC. L’homme ne peut pas échapper à ce micmac. Le corps de la nature, dans ce sacré micmac, ne sait être approché que par un mapisme, un marxisme anarco-poétique.
Il s’agit donc bien d’une approximation romanesque, reconstitution fabriquée d’un monde inaccessible. Le corps de la nature est – pour l’anthropologue – toujours anthropomorphique, équivoque. Cet « équivacité » vient du caractère même, intersubjectif, de la matière.
Cet effet de boomerang multivers (non univers) va être pris en considération au début du XXIe siècle particulièrement. Le génie génétique, l’archéologie, la paléoanthropologie, la chimie, la physique quantique, la mathématique tout singulièrement redécouvrent ce corps de la nature, peu ou prou.
Cette prise en considération culturelle, pseudo scientifique, compromet de multiples certitudes de l’anthropomorphisme primaire. Le corps de la nature semble alors à ceux qui le « redécouvrent », posséder une autonomie, un dynamisme indépendant de l’homme.
L’anthropocène vole en éclats. Les supposées « lois de la nature » ébranlées sous les coups d’une observation banale de bon sens, crèvent comme de vieilles roues de vieux cyclopèdes.
Le ridicule ne tue pas, dit-on. La première fois, la nature est sans l’homme. Il y a de la matière intersubjective circulante. Ce MIC est sans MAC, d’où le micmac, le chaos dans lequel l’homme fait le malin. Mais avant la première fois, demandera-t-on légitimement ? Eh bien, avant la première fois, on ne sait pas, tout bêtement (c’est le cas de le dire).
Ce non-su, donc ce non-dit, de l’homme ne l’est pas pour le corps de la nature.
La nature est différenciation d’un protocole matérialiste avant l’homme. L’homme ne viendra que comme une différenciation de la nature naturalisante, naturalisée par elle-même. L’homme est naturalisé dans et par ce protocole matérialiste. Cette naturalisation, historique, géo-historique, biogénétique, Marx l’a entraperçue et mise en avant. Le marxisme anarco-poétique n’en est, de ce point de vue épistémologique, qu’un prolongement anthropologique conduisant à un mapisme qui demeure à élaborer.
« Ou quoi » n’en est qu’une esquisse solitaire. Solitaire mais solidaire. L’homme, de ce point de vue mapiste, ne fait qu’imiter le corps de la nature dans tous ses développements.
Les prétendus progrès réalisés par l’homme ne sont donc qu’aboutissements, déterminés par la nature, qui, circulante, cherche aussi par l’homme, à faire aboutir son protocole matérialiste. La « raison », la « pensée », la « science », etc., ne sont que des avatars ethnocentrés de l’espèce humaine. Le biais anthropomorphique éloigne, dans sa forme primaire, de la nature même. La nature cherche ainsi, mapiste, à mesurer son idiotie, sa biosyncratie, sa bêtise en un mot. L’homme est bête, c’est sa fonction géo-historique.
Il ne peut donc bêtement imaginer ce qu’est le corps de la nature elle-même. Il ne peut – pour l’instant – échappé au micmac dans lequel il patauge.
La sur-surabondante littérature de toutes les espèces, la totalité en fait des expressions humaines cherchent à cerner ce corps de la nature, qui, en fin de compte, se joue culturellement, tout naturellement, des procédés.
Je ne fais pas mieux.
Imaginons donc.
Le corps de la nature, venu sur Terre pour la première fois, consomme. Il consomme de l’énergie. L’énergie est la première fois des premières fois. Cette énergie est consommée afin de mettre en place les variables d’ajustement des éléments constituant le corps de la nature. La nature, par protocole matérialiste, est un organisme génétiquement se modifiant, un OGM. Cette modification d’ajustement se diversifie par et dans des différenciations biogénétiques, épi-génétiques en premier lieu. L’ensemble du vivant naturel va se superposant en cohérences de proximité, en co-errances successives.
La consommation d’énergie devient dès l’origine consommation d’énergies renouvelables. Les énergies fossiles, non renouvelables à court ou moyen terme géologique sont parties intégrées du corps de la nature.
Le pétrole, gaz, charbon, par exemple, participent directement aux modes de production écologique.
L’équilibre des populations et des subsistances, s’il est parfois rompu, se retrouve toujours. Des formes de vie naturelle, des espèces, par exemple, peuvent disparaître. L’ensemble naturel n’en perdure pas moins.
Avant même l’apparition de l’homme, le corps de la nature, par échange de dépendances réciproques, se socialise. Le premier communisme s’impose, car la dépendance est la loi d’évidence.
Cette sociabilité, cette socialisation ne doit donc rien à l’homme. Les abeilles, par exemple, créent une unité de production, un moyen de production structurée : la ruche. Une unité de reproduction démographique repose sur ce que l’anthropomorphisme ultérieur nommera la reine. Des ouvrières produisent du miel. Le miel est un produit de transformation de produits identifiés, ramassés, transportés, stockés et traités.
Il y a bien une unité de production et de reproduction, usine de transformation, lieu de consommation, hiérarchie du travail et du pouvoir, accumulation et gestion d’un capital initial.
Une accumulation primitive s’opère, se développe et mène à des profits.
Cette unité sociale est donc culturelle. Au début du XXIe siècle, on a enfin consenti à identifier, par exemple, le rôle de l’abeille prospectrice.
Celle-ci repère un filon de pollen, l’analyse, le géo-positionne, le quantifie, d’un point de vue aussi bien qualitatif que chimique. Cette même exploratrice revient à la ruche et donne ses informations. Pour cela, elle use de son corps qui danse ces informations. Le mouvement, le rythme, l’odeur, les sons, la capacité télépathique, le toucher, tout lui est bon comme vecteur de transmission.
Le corps de l’abeille est un open data, comme on dira au début du troisième millénaire.
Cette performance nécessite une circulation du capital intersubjectif initial, qui s’accumule donc par et dans ce procédé culturel.
De même découvrira-t-on que le logement des abeilles – les alvéoles – est une véritable HLM, habitation à loyer modéré. La solidité effarante de ces alvéoles conduira au XXe siècle à des constructions urbaines anti-sismiques japonaises, par exemple.
De même ces mêmes « experts » écologiques découvriront au XXe siècle que des singes produisent des outils. Que les oiseaux communiquent par le chant. Que les loups chassent et vivent en meutes organisées. Bref, que les fleurs existent et que les fourmis agricultrices cueillent des graines, les plantent dans un terreau choisi, dans un creux d’arbres, les ensemencent d’engrais fécales et consomment ensuite la plante à terme de croissance.
Ces mêmes fourmis cultivent très scrupuleusement des champs de champignons, etc.
La chaîne écologique est solide. Et l’homme n’est toujours pas là. Il faut donc admettre l’hypothèse axiomatique d’une civilisation, d’une société du corps de la nature ayant son mode de production, de reproduction, de consommation et – in fine – ses États-nations s’appuyant sur un système sécuritaire et juridique. Cet anthropomorphisme non plus primaire mais supérieur (pour ne pas dire secondaire) doit bouleverser l’anthropologie.
Cet anthropomorphisme supérieur semble puéril. Il n’est que poétique. Il n’est que mapiste. Les applications épistémologiques sidèrent.