Une lettre du poète à son médecin
Artaud est un des plus grands poètes français et en tout cas un philosophe majeur. Trop de discussions à son propos ramènent à dire de lui : "Oui mais c'est un drogué".
Si Sartre a écrit l'imbitable "L'Etre et le Néant" sous mescaline et Rimbaud "Le Bâteau Ivre" sous absinthe et Verlaine, Artaud usait et abusait du laudanum. Abusivement interné et soumis à des dizaines d'électrochocs, il ressort de là plus résolu que jamais à pousser un cri d'humour et d'intelligence. Dans cette lettre, il explique aussi vite qu'il peut à son médecin traitant qu'il a besoin de se shooter pour voir. On n'a pas laissé à Artaud le temps de comprendre que la plus puissante des stimulations vient tout naturellement du corps qui est un authentique laboratoire de produits stupéfiants :
il suffit d'appuyer sur la touche "Rêves" pour qu'une armée d'applications vienne foutre un magistral bordel dans l'ordre de la pensée unique.