De l’énergie initiale et grâce aux papillons (d’autres nomment cela le Big Bang), la Terre se naturalise. Le corps-matière se fracture en civilisations particulières aux cohérences électives.
La roche surgit, sacre de la venue à ce monde. Pierre première devenue charbon, gaz, pétrole, or, argent et d’inconnues structures de civilisation qu’une anthropologie ethno-centrée se refuse à seulement, simplement soupçonner. Le peuple des Pierres à l’histoire de ces gens comme fil conducteur.
La pierre vit.
Son rythme est celui des milliards d’années. Chacun son rythme et voit midi à sa porte.
Le peuple des Pierres a ses coutumes, ses langues et son langage. La terre naturalisée vient de ce caillou, si apparemment dérisoire.
Mais la Pierre pense.
De là, la Terre naturalisée.
La pierre éclate alors de force et de vie et donne l’eau de vie par la roche. La géographie en sort. Les géologues en savent quelque chose. Il n’y a pas de cœur de pierre, ou bien il n’y a que cela.
Alors que le peuple des Pierres s’active à ses activités, l’eau refroidit le globe, parce que le magma, en son cœur de pierre, boue. De l’eau, vient le poisson ou l’étoile de mer, le plancton et la baleine par exemple.
De là, les intermédiaires entre sou et sur-marins : le caïman ou la tortue, le poisson-volant ou le cormoran ou le pélican par exemple.
De là vient cet autre peuple, le peuple de la Flore. Une fleur a durée de vie le temps d’un matin, le peuplier qui passe ses 100 000 ans comme tu rigoles, l’herbe et la liane par exemple vivent ensemble.
Comme tous les corps du monde, le peuple de la Flore se renseigne. Ils échangent des informations.
Le peuple de la Faune vient alors chercher sa civilisation, sa culture propre.
Des gaz surgissent là-dedans, tiré de la Pierre. Le peuple du gaz – car il en existe un – met son grain de sel là-dedans. L’atmosphère a son histoire et sa géographie en premier lieu, c’est le cas de le dire. Le cosmos enfin traîne ce boulet qu’est la belle bleue. Tout ce beau monde ne cesse de négocier un équilibre des populations et des subsistances. Cet équilibre semble capable de durer depuis des milliards d’années et pour autant à venir.
Ça fonctionne, le truc.
Alors vint le corps humain, le corps animal attendu comme un protocole matérialiste expérimental.
Le corps humain, c’est la graine qui s’est souvenue de l’arbre qu’elle allait devenir.
Et qu’elle est devenue.
Le corps humain expérimente sur logiciel biogénétique.
L’assemblage « homme » est l’un des plus étranges parmi les animaux : un tronc, quatre membres, un crâne vissé là-dessus, comme pour fermer le couvercle d’une carapace à vapeur, qui met la locomotive en marche. Cette forme tarabiscotée, pleine d’organes, demande à être explorée, analysée, comprise, com-prise « prendre avec soi ». Une longue histoire de cette appropriation, véritable corps à corps, une telle histoire mériterait son histoire, jamais envisagée à ce jour. Toutes les approches interviendront dans cette anthropologie.
Le cerveau, à ce moment-là n’existe pas. Le cerveau, c’est le corps. Le corps et âme. Une histoire de culture physique en somme. L’anatomie se conduit de l’intérieur, discipline à part entière. L’anatomie, c’est le corps qui voit de l’intérieur, qui voit de l’intérieur vers l’extérieur. C’est l’extérieur qui fait le dedans. Ce sera toujours comme ça, après ça. La mémoire du corps se souvient de tout ce qu’elle apprend, tout simplement.
Le corps naturalisé, c’est le corps qui se naturalise.
Il faut bien s’adapter à l’environnement.
La richesse des civilisations diverses sur Terre autorise une société où faune, flore, minéral, gaz et autres, cette richesse est telle que cet écosystème rend possible une consommation sans producteurs. L’équilibre naturel, communiste à fond la caisse, l’équilibre lui-même. Tout à chacun produisant, tout un chacun consomme. Il n’y a pas exploitation.
Le corps consomme, pour renouveler son énergie.
Mal foutu ce truc. Les emmerdes commencent là.
Aussi faut-il en revenir à la question première de ce dossier : le corps humain doit s’alimenter, pourquoi ça ?