Le mimétisme établit des connexions biogénétiques par transport d’informations. Ce transport, rythmé par la respiration des corps, programme des mutations. La connexion électromagnétique, télépathique, intersubjective suit la loi des similitudes coïncidentes. Des similitudes, permanentes, mémorisent les acquis du corps – quel que soit le corps – et les transportent dans l’organisme du corps qui attend ces informations coïncidentes à ses besoins de mutation. Le XXIe siècle nommera cela l’épi-génétique. L’opération, complexe, s’effectue au rythme de la respiration du corps. Le corps conspire en respirant. C’est un conspirateur, un mutateur, un commutateur. La respiration introduit dans le corps les informations contenues dans l’air. Ce gaz organise les similitudes environnantes contenues dans la matière. Le jeu combinatoire consiste à repérer les similitudes aptes à révéler une coïncidence génératrice d’un nouvel organisme, génératrice d’un corps. Le corps devient trans-matériel, structure en mutation, en augmentation. La matière s’ordonne selon cette loi des similitudes coïncidentes. Ce sont elles qu’il faut chercher pour tenter de reconstituer l’histoire de la matière qui n’est au fond qu’une histoire des corps constitués qu’ils soient individualisés, privatisés ou collectifs, publics.
Le processus consiste à dépasser les connexions apparemment impossibles. La réticence d’apparaître vient de la peur de la mort.
La matière a peur de la mort, c’est pour cela qu’elle vit. La matière vit de la peur de la mort. Elle est conçue par cela. La matière devient alors, lors des mutations, antimatière. Cette antimatière emporte avec elle les informations indiquant les mises en équivalence possible de non-équivalent. La matière freine son dynamisme, son évolution car elle ne veut pas mourir. Ce suicide impose le transport de données innées dans l’antimatière. Mais aussi simultanément, à la vitesse de la lumière, l’organisme se retrouve programmé par l’énergie développée puis consommée par la matière pour devenir antimatière.
Le voleur laisse toujours des traces derrière lui.
Le foisonnement des corps montre à l’évidence que la matière s’estime incomplète, non-achevée, en voie de développement. Chaque corps établit, micro ou macro, en permanence ses connexions non-abouties, qui doivent être augmentées. Les similitudes sont exposées en connexions coïncidentes. La connexion établie, ça marche, ça ne marche pas. La mise en équivalence de non-équivalent peut en effet dysfonctionner. L’essai-erreur est le mode majeur du développement progressif. Rien n’est laissé au hasard. Les corps s’imitent, se mimétisent, s’interpénètrent dans le cadre d’un pragmatisme violent. Il y a violence parce que la respiration des corps rythme la durée de vie. La respiration norme et mesure et chiffre la durée de vie. La matière ne veut pas manquer d’air, au risque d’étouffer, alors elle ne manque pas d’air, elle violente.
Cette atroce question de la violence viendrait donc du fait que la matière est là pour déprogrammer le caractère violent de la structure. L’énergie atomique qui constitue les corps percute constamment toutes les connexions pour en éprouver la solidité face à la longue durée.
Ce système d’information, en circulation fonctionne par images holographiques d’un mode de production économique. Le mode de production économique tel que Marx le met à jour est une imitation anthropologique, pragmatique, de ce système d’informations initial. La matière, vaste laboratoire expérimental, combine les éléments de sa composition. Cette combinaison première, primitive, initiale, dynamise la matière elle-même, qui du coup et selon des modèles logistiques, se différencie. La matière développe la matière. La graine se souvient de l’arbre qu’elle va devenir. L’environnement écologique conduit les circuits informatifs. Les protéines et les atomes se combinent lors des rencontres circulatoires. Chaque élément cherche une similitude approximative, de proximité. La coïncidence s’opère par le vivant ADN jusqu’à produire une autre forme fonctionnelle. Chaque élément composant le tout est sans équivalent. Il a ses propriétés privées. En tant que telles, ces propriétés consomment de l’énergie, mais stagnent. L’influence de l’environnement les met en mouvements coïncidents. Le tout cherche le tout par fracturation des propriétés privées rendues alors collectives ou en tout cas tendent à la collectiviser. Cette mise en équivalence des non-équivalents déporte le tout par le tout, c’est cela la marmite de l’avenir. Le tout est incorporé dans le tout.
Lorsqu’une mise en équivalence de non-équivalent s’effectue, le corps-matière imite les facultés de l’autre élément mis en similitudes coïncidentes. L’assemblage mécanique architectural de parties de vivant se reconnaît comme capable de structurer un autre modèle de vie. La dynamique de développement suit toujours ce processus élémentaire, combinatoire, somme toute, simpliste.
C’est la description de cette dynamique qui est complexe et non pas la dynamique elle-même. La complexité ne vient qu’à force de longue durée. L’épreuve, la preuve par l’espace-temps valide ou non le corps mimétique.