Une fois le papillon passé, que se passe-t-il ?
La soupe originelle se dynamise. Les savants du XXIe siècle parlent en effet de « soupe ». C’est dire à quel point ils ne savent pas.
La marmite de l’avenir (ça c’est moi qui le dis) se met à cuire. Dedans, cette soupe se prépare. Le magma originel informel se différencie brûlant de l’énergie atomique. Les atomes se combinent. Pour autant que les astronomes et autres géologues puissent en juger, il y a 4,5 milliards d’années la marmite de l’avenir explose.
Un formidable « Big Bang » se produit. Les pompiers des temps modernes nomment cela un feu de cuisine. Le chef cuisinier mérite d’être mis à pied. La faute professionnelle, lourde, exige un licenciement. Faut pas déconner tout de même.
Toujours est-il que le « Big Bang » s’entend encore de nos jours. Au passage, ce mot « Big Bang » a sa petite histoire amusante. La première fois que l’hypothèse du « Big Bang » est avancée, devant une salle de spécialistes effarés et incrédules, au milieu du XIXe siècle, l’un des auditeurs, faussement goguenard lance par jeu enfantin et moqueur : « et Big Bang comme dit mon gosse ».
La salle éclate de rire.
L’origine du monde a trouvé son nom.
Les savants sont de grands enfants.
Big Bang explose donc.
La soupe, projetée dans toutes les directions, s’éloigne du choc initial. Plus elle s’éloigne et plus elle transporte d’informations sur ce début. Selon Einstein et sa théorie de la relativité générale puisse que E=MC2, l’espace et le temps sont inséparables depuis lors. Il faut parler d’espace-temps. De plus, cet espace-temps est courbe, les premiers corps cosmiques sont en train de revenir à leur point de départ… dans 4,5 milliards d’années, le soleil s’éteindra et l’énergie disparaîtra. En principe. On a le temps de voir venir.
Toujours est-il que des corps sont apparus, corps cosmiques, corps atomiques, corps célestes, éléments biogénétiques. L’énergie différencie la matière. La matière se réalise. Un système solaire se constitue, corps astronomique où la planète Terre va se former, corps singulier. Ce corps singulier n’a rien d’original. On estime à plusieurs milliards le nombre de galaxies surgies de ce fameux et hypothétique « Big Bang ». L’ensemble de ces univers galactiques constitue donc un gigantesque tout incommensurable pour l’instant au début du troisième millénaire. Cette totalité en devenir voyagerait donc vers son point de départ, suivant une courbe certes exponentielle mais finie. De plus, à l’intérieur de cette globalité, de ce tout, un vaste jeu de mobiles en équilibre des corps entre eux.
Chacun de ces corps suit de plus une orbite plus ou moins fixe. De plus ça n’en finit plus bouger là-dedans ! À l’intérieur et autour de chaque corps, d’autres corps-matière se constituent, consommateurs, sous-consommateurs d’énergie initiale.
La marmite de l’histoire – qui vient de perdre son couvercle – continue donc la tambouille.
Tout l’univers mange de cette soupe. S’il veut grandir et devenir fort comme papa.
Le corps est né et seul ce corps fœtus, ce corps-matière sait qu’il est né.
Il va donc se faire connaître par différenciation. Les avis de naissance sont diffusés dans tout l’univers intergalactique.
Le corps-matière, corps-objet, corps-objectif informe sur sa naissance.
Le premier corps, corps-matière, c’est de l’information.
Ce premier corps-objet cherche un récepteur aux messages qu’il émet. Ce récepteur en deviendra le sujet. Le corps-sujet n’existe donc pas en ces temps si reculés. Il n’est que corps intergalactique. La différenciation de l’énergie initiale produit donc, si on ose dire, un décor intergalactique inter-sujet. En un mot : intersubjectif.
La matière entre en communication avec la matière et cet échange interne, d’atomes à atomes, qui commence, commence le jeu étonnamment diversifié des formes de vie.
Le protocole matérialiste premier, initial, impose cette logique du concret démultiplicatrice.
Le rythme s’impose.
Le rythme différencie la matière, démultiplie l’univers, bouleverse la soupe première, ajoute des ingrédients dans la marmite de l’avenir.
Le rythme se met à compter.
Il produit des algorithmes.
Dans le système solaire Terre, la terre capitalise des formes de vie singulière, bien sûr, si elles ne sont pas originales. D’autres formes de vie existent ailleurs non-ethno-centrées, non-aristotéliciennes et, sans doute, non-einsteiniennes.
La terre est le premier objet expérimental de ce système solaire-là. La matière y concentre un nombre sidéral d’expériences objectives, selon un protocole intersubjectif miniaturisé, atomisé.